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mardi 24 mars 2015

La formation des futurs scientifiques est en danger.

La CIRUISEF (Conférence des doyens scientifiques francophones de l’AUF), la
CDUS (Conférence des doyens scientifiques français) et l’UPS (Union des
Professeurs de classes préparatoires Scientifiques) ont été reçues le 11 mars
2015 par le CSP (Conseil Supérieur des Programmes).
Les présidents de ces conférences ont souhaité informer le CSP du résultat de
leurs travaux du dernier colloque CIRUISEF qui s’est tenu à Rabat en novembre
2014, sur le thème : « Réflexion sur la formation d’un enseignant
scientifique ».
Leurs conclusions sont alarmantes. Ils estiment après enquêtes et consultations
nationales et internationales que les formations qui se sont mises en place depuis
quelques années dans les collèges et lycées représentent un danger pour la
formation des futurs scientifiques de France.
Quatre points majeurs ont été abordés :
1- L’apprentissage et l’appropriation du langage des nombres, des signes et des
équations ont disparu des programmes avec pour exemple, les épreuves du bac
de Physique 2013 et 2014 réduites à un commentaire de texte (cf. les rapports de
la SFP - Société française de Physique, de l'UdPPC - Union des professeurs de
physique et chimie et l'UPS - Union des professeurs de classes préparatoires
scientifiques).
2- La confusion qui s’est mise en place entre la formation d’un esprit scientifique
et la culture scientifique vulgarisée. Les élèves de terminale ont entendu parler
de tout, possèdent une culture générale scientifique superficielle et savent se
questionner, mais ne sont plus formés dans leurs fondements cognitifs au
langage et à l’analyse des nombres, des signes et des équations. De ce fait, ils
utilisent des mots compliqués qu’ils ne maîtrisent pas, et en arrivent à écrire ou à
faire, sans se poser de question, des phrases ou des calculs sans aucun sens.
La délégation a rappelé que former un futur scientifique ce n’est pas lui inculquer
une culture générale. C’est surtout lui inculquer une manière de penser, de
travailler et d‘organiser son esprit et son travail. La construction d’un esprit
scientifique passe par deux phases majeures : la première est l’appropriation des
clefs du langage scientifique : celui du langage des mathématiques, puis de la
physique, de la chimie, de la biologie, de la géologie et actuellement de
l’informatique, fait de nombres, de signes, de symboles et d’équations et la
deuxième est la répétition, année après année, de la résolution de problèmes
concrets par la voie de l’analyse et de la rigueur concise et logique de la
démonstration, s’appuyant sur des Lois et des principes universels sus et compris.
La colonne vertébrale de l'esprit d'un scientifique - à savoir l’analyse et la
résolution structurée et concise de problèmes concrets (physique et chimie) et
abstraits (mathématiques), faisant travailler l'agilité cognitive de l'élève, et ce
durant plusieurs années - a disparu. Pourtant les dernières avancées de la
recherche en neurosciences démontrent bien l’intérêt de ces apprentissages
répétitifs (déductifs et inductifs) particuliers, mis au point par les scientifiques
depuis de très nombreuses années.
3- La pédagogie du tout « intuitif » se révèle désastreuse à plusieurs niveaux : Elle
conduit les élèves les plus faibles à croire que les disciplines scientifiques se
comprennent sans effort et juste avec les mots (et les mains), les poussant à
construire par eux-mêmes des modèles intuitifs (le plus souvent erronés) pour se
représenter des phénomènes divers et variés, et sans leur donner une idée
hiérarchique des concepts (cf les travaux de PROMOSCIENCES). Il est quand même
étonnant que certains aient pu imaginer qu’un élève, durant ses douze années de
scolarité obligatoire, serait capable intuitivement de retrouver et assimiler, seul ou
presque, toutes les lois et tous les concepts des sciences exactes et naturelles que
l’homme a mis des siècles à découvrir et à démontrer. Il doit être accompagné par
des enseignants qui eux-mêmes ont bien assimilé les lois et les concepts sousjacents.
4- Les programmes sont pléthoriques et abordent des notions et concepts
scientifiques qui ne devraient être abordés qu’au mieux en licence. Les
enseignants du secondaire ne peuvent traiter correctement l’ensemble du
programme et des impasses majeures sont faites, entraînant un savoir décousu
et parcellaire de la Matière vivante et inerte. Les manuels scientifiques ont
sacrifié la colonne vertébrale scientifique aux nouvelles lois de la communication
vulgarisée. En conséquence les connaissances des élèves sont pléthoriques mais
tout à fait superficielles.
Enfin, la délégation a souhaité rappelé que les résultats de l’enquête PISA1
française, doivent interpeller les formateurs d’enseignants du primaire et du
secondaire et les responsables de la conception des programmes.

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