Nous avons le plaisir de relayer l'information suivante :
La
langue arabe, berceau de l’algèbre
- اَلْـعَـرَبِيَّـةُ
مَهْـدُ ٱلْـجَبْـرِ
Samedi
25 janvier 2014 - 14h
Grande
Mosquée de Paris (salle de
conférences)
Place du puits
de l’Ermite (Paris)
Entrée libre
François Nicolas
« Les
langues sémitiques tendent à la formation abrégée et abstraite,
“algébrisante”, des idées. » Louis Massignon
« La
conception de la science qu’a engagée le linguiste al-Khalîl
comme la méthode qui l’accompagne sont deux conditions de
possibilité de l’algèbre d’al-Khawârizmî. »
Roshdi Rashed
L’algèbre,
cette nouvelle discipline mathématique inaugurant un calcul direct
sur l’inconnu (et non plus s’étendant du connu vers l’inconnu),
est née à Bagdad au début du IX° siècle, exposée dans la langue
arabe alors pratiquée par une multitude d’intervenants (perses
aussi bien qu’arabes, chrétiens aussi bien que juifs ou
musulmans…).
Est-ce là
purement anecdotique ? On soutiendra que non : la langue
arabe a constitué le berceau fécond de cette naissance même si
l’algèbre était ensuite destinée à s’universaliser dans
toutes les langues (tout comme la géométrie axiomatisée, née dans
la langue grecque, s’est ensuite universalisée en passant… dans
la langue arabe). On s’attachera à mieux comprendre ce fait en
sorte de mieux spécifier cette singularité de la langue arabe qui
l'a prédisposée à devenir un tel berceau et d'analyser comment la
pensée (ici linguistique et mathématique) peut puiser, parmi les
ressources inattendues qu’offre une situation, de quoi faire
émerger de toutes nouvelles idées.
*
Explorant une
intuition de Louis Massignon, on soutiendra qu’on peut caractériser
la dimension algébrisante de la langue arabe de deux
manières.
Objectivement
d’abord. On détaillera sept traits caractérisant ce qu’on
propose d’appeler « les raisonances
algébriques » de la langue arabe : l’algèbre de son
écriture (rythmant consonnes et voyelles par points diacritiques et
harakat,
qui viennent orner les lettres d’exposants et d’indices),
l’algèbre de ses racines trilatères (où فعل
– f/ε/l
- joue le rôle d’un monôme
xyz à
trois variables), l’algèbre de ses schèmes et formes verbales,
l’algèbre de ses déclinaisons (‘iεrâb
إِعْـرَابٌ),
l’algèbre de sa phonologie et de sa prosodie (tajwîd
تَجْـوِيـدٌ),
l’algèbre de son déchiffrage (où les textes non voyellés
s’avancent telles des formules et équations offertes au décryptage
du lecteur), enfin l’algèbre de sa rhétorique (où rhétorique
désigne l'organisation à grande échelle d'un discours fait de
plusieurs phrases).
Réflexivement
ensuite. On examinera la manière consciente dont la langue arabe, à
partir du VIII° siècle, se réfléchit, d’une part dans son
lexique (voir le premier dictionnaire, construit par al-Khalîl,
selon de nouveaux principes combinatoires), d’autre part dans sa
syntaxe (voir la première grammaire écrite, produite par
Sîbawayhi). On verra comment cette manière arabe
de penser la langue arabe prépare la manière dont les premiers
algébristes (al-Khawârizmî et Abû Kamîl au IX° siècle) vont
ensuite penser leur nouvelle discipline mathématique. En
particulier, on mettra l’accent sur l’orientation de pensée,
propre à cette grammaire arabe, qui consiste à différencier ses
objets (les mots,
en l’occurrence) non par leur fonction mais par la manière dont
leur forme varie: par leur mode de formation-déformation. On
examinera les raisonances
de ce parti pris original (mécompris par nombre de grammairiens
européens) dans la manière d’inventer l’algèbre par
formation-déformation (réduction
– اَلْـجَبْـرُ
– et
confrontation
– اَلْـمُـقَابَـلَـةُ)
de ses nouveaux objets (en l’occurrence des équations,
conçues comme mouvement d’égalisation
– مُـعَادَلَـةٌ).
***
N.B. Cette
conférence, destinée à un public non-spécialisé et se suffisant
à elle-même, se prolongera le samedi matin 5 avril 2014 (Ens-Ulm -
séminaire mamuphi )
par un exposé mathématiquement
plus développé :
L’extension
en pensée d’une langue par adjonction de sa grammaire - l’exemple
de l'arabe à partir du VIII° siècle
|
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dimanche 19 janvier 2014
La langue arabe berceau de l'algèbre, à la grande mosquée de Paris.
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